Ballons montés : la correspondance d’un Parisien lors du siège de Paris de 1870 aux enchères

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Ballons montés : la correspondance d’un Parisien lors du siège de Paris de 1870 aux enchères

Ballons montés : la correspondance d’un Parisien lors du siège de Paris de 1870 aux enchères

La correspondance par ballon d’un fils à ses parents lors du siège de Paris de 1870 sera dévoilée aux enchères le 15 novembre à Saumur. Un témoignage émouvant qui intéressera les passionnés d’histoire autant que les philatélistes…

« Mes chers parents, J’ai reçu votre bonne lettre ce matin comme à l’ordinaire, et j’espère bien que nos correspondances ne souffriront pas trop d’interruptions. » Dans le Paris assiégé de 1870, Henri Granier, un jeune clerc de notaire, poursuit ses échanges avec ses parents qui, ainsi que quelques Parisiens fortunés, parvinrent à quitter la ville pour se réfugier en Normandie. Cette correspondance émouvante qui s’ouvre le 6 septembre pour s’achever le 28 janvier 1871, jour de la capitulation, est à lire avec délectation à Saumur, où les commissaires-priseurs de la maison Deloys organisent le 15 novembre une vente aux enchères de livres anciens et modernes, dont cet ensemble de 45 lettres manuscrites constitue le point d’orgue. « Un témoignage d’une grande sincérité et candeur », résume l’expert de la vente Jean-Pierre Fouques.

45 lettres couvrant la totalité du siège de Paris
Ce document précieux, écrit au jour le jour, couvre la totalité du siège de Paris qui débute au lendemain de la reddition de Napoléon III. Fait prisonnier, l’empereur voit ses rêves de conquête s’effondrer alors que ses armées sont vaincues à Sedan le 2 septembre 1870. Au Palais Bourbon, les députés organisent à la hâte une commission pour assurer la défense de la France. Sous la pression de la foule en colère, Léon Gambetta annonce, au nom du peuple, la déchéance de l’empereur et proclame, le 4 septembre, le début de la IIIe République. Refusant la défaite, les Parisiens s’affairent en périphérie de la ville pour consolider les fortifications. Le 19 septembre, la capitale est définitivement encerclée par les troupes prussiennes – c’est le début du siège de Paris. Celui-ci s’achèvera dans l’humiliation avec la capitulation du gouvernement français le 28 janvier 1871 qui offrira aux Communards le terrain propice à leur insurrection du 18 mars 1871.

Un témoignage émouvant de la vie des Parisiens assiégés
« Notre correspondance débute le 6 septembre et s’achève à la capitulation de Paris le 28 janvier 1871. On assiste jour après jour à la dégradation progressive des conditions de vie », explique Jean-Pierre Fouques. En septembre, Henri Granier demeure combatif alors que la résistance s’organise. « Les restaurants sont ouverts et n’augmentent même pas leurs prix… […] Nous avons 400 000 gardes nationaux bien armés et bien disciplinés. Il y a des vivres en abondance », écrit-il alors que la ville se pare des premières couleurs de l’automne. Henri reçoit de son oncle, Victor, sergent de la Garde Nationale, un pécule qu’il décide d’investir dans un fusil Chassepot. Le jeune homme, convaincu d’une victoire prochaine, s’engage alors comme volontaire dans la Garde Nationale.

Avec l’hiver rigoureux, les Parisiens improvisent quelques aménagements de fortune, à l’instar des cadres de fenêtres et de portes qui font office de bois de chauffage. Le ton d’Henri laisse ainsi deviner les premières lassitudes : « notre 9e arrondissement jouit de la plus détestable organisation – il n’est pas toujours sûr d’avoir les 150g de viande fraîche […] insuccès de nos armées sur la Loire et du côté de Rouen […] La viande de boucherie nous est donnée à doses homéopathiques… nous nous attaquons à tout ce qui vit et respire… âne, mulets, rats, chiens chats ». Les lettres n’auront dès lors plus le goût du combat qui prévalait à l’automne. Le 23 janvier, Henri évoque « une semaine cruelle », avant de reconnaître, le 28 janvier, la capitulation de Paris. « Il annonce à ses parents que la capitulation de Paris est un fait accompli et qu’il ne faut surtout pas revenir, détaille l’expert. Les environs sont occupés par les Prussiens, la ville est prisonnière sous leurs canons, la population souffre de misère et de faim. »

Un document historique estimé entre 3 000 et 5 000 euros
Lors du siège de Paris, les moyens de communication étaient réduits. Pour échanger avec le reste du pays, les habitants n’avaient le choix que d’acheminer leurs messages par pigeons voyageurs ou ballons gonflables. C’est cette seconde option qui eut la préférence de notre épistolier. « La plupart des lettres d’Henri Granier ont voyagé par ballon ce qui dote notre document d’un intérêt également philatélique », précise l’expert. Entre le 23 septembre 1870 et le 28 janvier 1871, soixante-sept ballons prirent leur envol depuis la capitale. « Ces aéronefs fabriqués en série marquent le début de l’industrie aéronautique et la naissance de la Poste aérienne, explique Jean-Pierre Fouques. Le courrier était écrit sur papier très mince ne devait pas dépasser 4g. Ces vols sont bien répertoriés et les cachets de départ et d’arrivée de la poste sur les lettres permettent de connaître le nom des ballons qui les ont transportés. » A noter que les 45 lettres d’Henri Granier sont affranchies avec les timbres 20c bleu Empire et Cérès « siège de Paris », tandis que les cartes sont affranchies avec le 10c Empire bistre. Ce document exceptionnel, parvenu jusqu’à nous dans un très bel état de conservation, intéressera les passionnés d’histoire autant que les philatélistes qui devront compter sur une estimation comprise entre 3.000 et 5.000 euros.

 

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